Et si le vrai secret du lâcher prise n’était pas dans l’effort, mais dans l’appui ?

Non pas dans un relâchement volontaire du haut du corps, mais dans une ancrage profond du bas.

C’est là tout le paradoxe : on ne peut pas se détendre par la force. Mais on peut cesser de se crisper. Comment ?

En s’appuyant. En bas. Dans le bassin. Dans ce qui, trop souvent, nous fait peur.

Qu’est-ce que le lâcher prise ?

Le lâcher prise est un concept psychologique et spirituel fondamental qui consiste à accepter ce qui est, à relâcher le besoin de contrôle, et à se détacher des attentes, des peurs et des attachements qui nous retiennent. Ce n’est pas de l’indifférence ou de la résignation passive, mais plutôt une attitude active et consciente qui permet de vivre plus sereinement face aux événements de la vie, qu’ils soient positifs ou négatifs.

Les piliers du lâcher prise

On considère habituellement que le lâcher prise repose sur plusieurs idées clés :

Pourquoi le lâcher prise est-il si difficile ?

Le lâcher prise va à l’encontre de notre instinct de survie et de notre besoin inné de sécurité et de contrôle. Plusieurs raisons rendent ce processus complexe :

Comment pratiquer le lâcher prise ?

Le lâcher prise est un apprentissage continu et non un état que l’on atteint une fois pour toutes. Voici quelques pistes pour le cultiver :

  1. Identifier ce que l’on essaie de contrôler : Prenez conscience des situations ou des personnes sur lesquelles vous tentez d’exercer un contrôle excessif.
  2. Distinguer le contrôlable de l’incontrôlable : Faites la liste de ce qui dépend de vous et de ce qui ne dépend pas de vous. Concentrez-vous sur le premier.
  3. Accepter ses émotions : Plutôt que de les refouler, reconnaissez vos émotions (peur, colère, tristesse) sans les juger. Laissez-les traverser.
  4. Pratiquer la pleine conscience (mindfulness) : La méditation et les exercices de respiration aident à se recentrer sur le moment présent et à observer ses pensées sans s’y accrocher.
  5. Changer sa perspective : Essayez de voir les situations difficiles comme des opportunités d’apprentissage ou de croissance.
  6. Se pardonner et pardonner aux autres : La rancune et les regrets sont des fardeaux qui empêchent de lâcher prise.
  7. Faire confiance au processus : Parfois, il suffit de « laisser faire » et de voir comment les choses évoluent, sans forcer.
  8. Apprendre à dire non : Refuser ce qui ne nous convient pas est une forme de lâcher prise sur le besoin de plaire ou de se conformer.
  9. Exprimer sa gratitude : Se concentrer sur ce que l’on a plutôt que sur ce qui nous manque ou ce que l’on ne peut pas contrôler aide à relativiser.

Mais ici, nous allons évoquer, comme énoncé dans l’introduction, un autre aspect du lâcher prise, souvent méconnu. Le lâcher prise dans le corps, qui contribue largement au lâcher prise émotionnel.

1. L’illusion du lâcher prise comme effort volontaire 

Nous pensons souvent que lâcher prise implique une action : il faudrait « lâcher » quelque chose, volontairement, comme on ouvre les doigts. Mais ce serait oublier que la tension elle-même n’est pas volontaire. On ne peut pas vraiment décider de relâcher ses épaules. On peut, en revanche, changer la manière dont on s’appuie au sol. C’est alors que les épaules « lâchent » toutes seules.

2. S’appuyer dans le bassin : une clef somatique de confiance 

Le bassin est le socle. Quand on s’y installe, qu’on y respire, qu’on le reconnaît comme centre de gravité, alors le haut du corps devient libre. Ce n’est pas une image, c’est une vérité biomécanique. Le corps fonctionne en chaîne : si la base est solide, le haut peut s’étendre, s’alléger.

Exemple : en pratique du chant ou du théâtre, les formateurs insistent sur l’ancrage : sans lui, la voix ne sort pas, les bras sont rigides. Ce que l’on détend en bas libère le haut.

3. Accueillir les zones taboues du corps : sexe et ventre 

Mais pourquoi est-ce si difficile de prendre appui dans le bassin ?

Parce qu’il est le siège de zones qu’on préférerait oublier. Le sexe, le ventre, les entrailles. Autant d’espaces que notre culture a longtemps recouverts de silence, de honte ou de pudeur. Et pourtant, c’est bien dans ces profondeurs que se trouve la clef du relâchement. Mais c’est aussi là que se logent les peurs viscérales

4. Le corps comme miroir de l’âme : tensions physiques et blocages intérieurs 

Nos émotions, nos peurs, nos blessures se traduisent dans le corps. Des trapèzes durs comme du bois, une respiration haute et saccadée, des maux de ventre chroniques : autant de signaux. Ces tensions sont souvent anciennes. Elles ont pris racine dans l’habitude.

Selon une étude de l’université de Harvard (Kross & Ayduk, 2011), ruminer un problème accentue les douleurs physiques associées à l’anxiété. Le mental crispe, le corps encaisse.

5. Un double niveau de travail : corps et conscience 

Pour lâcher prise durablement, il faut agir en double étage :

Ce travail peut être accompagné en coaching. Parfois, quelques séances suffisent pour faire tomber une tension chronique. Et avec elle, un pan de vie s’éclaire.

6. Lâcher prise sur le lâcher prise lui-même 

Vous n’arrivez pas à lâcher prise ? C’est normal. Et ce n’est pas grave. Ce n’est pas une compétence à acquérir. Le meilleur point de départ, c’est d’accepter que vous avez du mal à l’accepter. C’est déjà une forme de détente.

7. La conscience, cet arrière-plan vaste et paisible 

Au fond, nous ne sommes pas nos tensions. Nous sommes l’espace qui les observe. Ce que les traditions appellent « conscience ». Et de là, rien à faire : simplement voir, accueillir, respirer. Le mental ne peut pas lâcher. Mais vous, si.

Envie de tester ? Pourquoi ne pas commencer par respirer tranquillement dans votre bassin pendant deux minutes ?

Lâcher prise, une bascule d’appui 

Lâcher prise, ce n’est pas renoncer à vivre. C’est renoncer à la crispation sur la manière dont la vie devrait se passer. C’est redonner au corps sa place, et à la conscience son rôle. C’est, littéralement, une bascule : du haut vers le bas, du mental vers le bassin, de l’avant vers l’arrière. Une bascule qui change tout.

Le bassin est une structure osseuse fondamentale pour la posture, l’équilibre et la mobilité du corps. Il agit comme une charnière entre le tronc et les membres inférieurs. Ses mouvements influencent directement l’alignement de la colonne vertébrale, notamment la région lombaire.

Rétroversion du bassin

La rétroversion du bassin est un mouvement d’inclinaison du bassin vers l’arrière dans le plan sagittal. Pour visualiser ce mouvement, imaginez que le pubis se soulève et s’avance, tandis que les ischions (les os sur lesquels on s’assoit) et le coccyx se rapprochent du sol. Cela a pour effet de diminuer la courbure naturelle (lordose) du bas du dos, voire de l’aplatir ou de l’arrondir.

C’est le mouvement opposé à l’antéversion du bassin, où le bassin bascule vers l’avant, augmentant la cambrure lombaire.

Explication simple

Pensez à la posture du « chat » dans le yoga : lorsque vous arrondissez le dos en poussant le bas du dos vers le plafond, votre bassin est en rétroversion. Lorsque vous pressez votre bas du dos contre le sol en étant allongé, vous êtes en rétroversion.

Causes possibles

Conséquences d’une rétroversion chronique

Une rétroversion chronique peut entraîner :


Nota : La « Bascule du bassin »

La bascule du bassin, est une expression souvent employée comme synonyme de rétroversion, mais c’est un tort, car la bascule du bassin, également appelée bascule pelvienne, fait référence à une asymétrie de hauteur entre les deux côtés du bassin. Imaginez que l’un des os iliaques (les grandes ailes du bassin) est plus haut que l’autre. C’est un phénomène courant qui peut être asymptomatique (sans douleur) ou provoquer des douleurs importantes.

Causes possibles

Symptômes courants

Douleurs pouvant irradier vers les hanches, les genoux (syndrome rotulien, tendinites), les chevilles, et même entraîner des névralgies (comme des sciatalgies).

En synthèse :

Ces déséquilibres, qu’ils soient de bascule ou de rétroversion, peuvent avoir des répercussions significatives sur la santé musculo-squelettique et la posture globale du corps. La correction passe souvent par des exercices de renforcement et d’étirement ciblés, et parfois par des ajustements posturaux ou des traitements spécifiques.

Ce dont nous parlons ici dans cet article sur le lâcher prise du haut du corps en prenant appui, fait référence à une subtile rétroversion, simplement pour réduire légèrement la cambrure habituelle des reins, généralement trop accentuée.


Maîtrise et lâcher prise

La maîtrise est la capacité à être pleinement présent à l’instant présent, complètement disponible, et ouvert aux opportunités. C’est l’opposé du contrôle compulsif, qui vise à ramener chaque nouveauté à du déjà connu, pour se rassurer. Le lâcher prise et l’enracinement sont les fondements de toute maîtrise authentique.

Au contraire, maîtriser c’est reconnaître la part de nouveauté qu’il y a dans chaque situation, au lieu de chercher les ressemblances avec une situation déjà vécue. Maîtriser, c’est accepter de se laisser surprendre par la nouveauté, pour inventer sur mesure une réponse nouvelle…

Maître Taisen Deshimaru, qui a joué un rôle majeur dans l’introduction et l’établissement du Zen Sōtō en Europe, insistait beaucoup sur l’importance de la posture juste en Zazen (méditation assise). Pour lui, le corps et l’esprit sont indissociables : une posture correcte est la fondation nécessaire pour apaiser l’esprit et atteindre l’éveil. Le lâcher-prise au niveau des épaules est un aspect crucial de cette posture.

Le lâcher-prise des épaules dans la posture de Zazen

Pour Deshimaru, la posture de Zazen n’est pas une simple contrainte physique, mais une expression de l’attitude mentale. Le corps doit être à la fois érigé, stable et détendu.

  1. L’ancrage et l’étirement : Deshimaru enseignait à « pousser la terre avec les genoux et le ciel avec la tête ». Cette image puissante souligne l’importance d’un bassin bien ancré sur le zafu (coussin de méditation), basculé légèrement vers l’avant, pour permettre à la colonne vertébrale de s’étirer naturellement vers le haut. Le menton est rentré, la nuque étirée, alignant la tête avec la colonne.
  2. La détente des épaules comme clé de voûte : C’est dans ce contexte d’étirement vertical que le lâcher-prise des épaules prend tout son sens. Deshimaru insistait sur le fait que les épaules doivent « tomber naturellement » et être « détendues » ou « relâchées ».
    • Pourquoi est-ce si important ? Les épaules sont un lieu d’accumulation majeur de tensions liées au stress, à l’anxiété, aux préoccupations mentales et à une mauvaise posture habituelle (par exemple, penché sur un écran). Si les épaules sont contractées, elles créent une tension dans la nuque, le dos, et peuvent entraver une respiration profonde et naturelle.
    • Conséquence sur la respiration : Deshimaru soulignait que la « respiration juste » ne peut émerger que d’une posture correcte. Des épaules détendues libèrent le diaphragme et la cage thoracique, permettant à la respiration de descendre profondément dans le ventre (hara), ce qui est essentiel en Zazen. Une respiration basse, longue et silencieuse est le pilier de la concentration et de l’apaisement mental.
    • Conséquence sur l’esprit : Les tensions corporelles sont directement liées aux tensions mentales. En relâchant les épaules, on aide l’esprit à lâcher prise sur ses propres tensions, ses pensées agitées et ses attachements. Le corps et l’esprit sont un seul et même axe.

La maîtrise de la posture Zazen : une expression de non-but (Mushotoku)

Pour Maître Deshimaru, la maîtrise de la posture de Zazen n’est pas un objectif en soi à atteindre par la force ou la volonté. Elle est le résultat d’une pratique assidue et juste, qui incarne le principe de Mushotoku (sans but ni esprit de profit).

Quelques citations d’Eckhart Tolle

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Paul

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