Dans la lignée du shiatsu et du Seiki, la fasciathérapie est une méthode de soin manuelle. Au lieu d’être directement centrée sur la circulation des énergies, elle agit spécifiquement sur les fascias — ces tissus conjonctifs qui enveloppent et relient toutes les structures du corps. Elle repose sur un toucher doux et lent, visant à relancer les capacités d’autorégulation du corps et à améliorer la perception corporelle.
Qu’est-ce que le fascia ?
- Tissu conjonctif omniprésent dans le corps humain
- Enveloppe et relie les muscles, organes, os et nerfs
- Joue un rôle dans la posture, la proprioception, la douleur et la mobilité
- Capable de contractilité autonome grâce aux myofibroblastes
- Participe à la régulation du système nerveux autonome et à la perception du corps
Histoire de la fasciathérapie
- Créée dans les années 1980 par Danis Bois, kinésithérapeute et ostéopathe
- Inspirée par l’ostéopathie, mais développée comme une méthode distincte
- Évolution vers une approche globale intégrant le corps, les émotions et la cognition
- Intégration progressive dans les sciences humaines et sociales via le CERAP (Centre d’Étude et de Recherche Appliquée en Psychopédagogie perceptive)
- Développement de la somato-psychopédagogie comme prolongement éducatif et thérapeutique
Le mouvement primordial
- Concept central de la fasciathérapie : mouvement lent, profond et autonome des fascias
- Ce mouvement interne est perçu par le praticien et mobilisé pour relancer l’équilibre du corps
- Il ne s’agit pas d’un mouvement volontaire, mais d’une dynamique subtile du vivant
- Le toucher manuel vise à accompagner ce mouvement plutôt qu’à le provoquer
- Ce mouvement est considéré comme le reflet de la vitalité et de la présence à soi
Principes de la fasciathérapie
- Toucher manuel doux, lent et respectueux
- Détection des zones de tension ou d’immobilité
- Relance du mouvement interne et des capacités d’autorégulation
- Approche non manipulatrice, centrée sur la relation thérapeutique
- Développement de la conscience corporelle et de l’autonomie du patient
Applications thérapeutiques
- Douleurs chroniques : lombalgies, cervicalgies, fibromyalgie
- Troubles liés au stress, à l’anxiété, au burn-out
- Accompagnement de pathologies comme l’endométriose
- Soutien à la récupération physique et mentale chez les sportifs
- Travail sur les séquelles de traumatismes physiques ou émotionnels
Recherches récentes sur les fascias
- Les fascias sont désormais reconnus comme un système actif et intégré
- Découverte de leur rôle dans la proprioception, la douleur, la coordination motrice
- Mise en évidence de leur capacité contractile autonome via les myofibroblastes
- Études sur leur implication dans les douleurs dorsales, les troubles posturaux et les pathologies chroniques2
- Modèles scientifiques émergents : biotenségrité, fascintégrité, chaînes myofasciales
- Recherches cliniques sur la fasciathérapie dans le traitement de la fibromyalgie, des lombalgies, du stress et de l’endométriose
Une approche globale et humaniste
- La fasciathérapie engage la personne dans une démarche de mieux-être
- Elle favorise la présence à soi, la conscience corporelle et la transformation du rapport à la santé
- Elle s’inscrit dans une vision du corps comme lieu d’expérience, de mémoire et de sensibilité
- Elle est parfois associée à la gymnastique sensorielle et à l’accordage somato-psychique
Le corps comme lieu d’expérience, de mémoire et de sensibilité
Dans la fasciathérapie et la somato-psychopédagogie, le corps n’est pas seulement un objet biologique ou mécanique : il est envisagé comme un lieu d’expérience vécue, une caisse de résonance où se tissent les émotions, les souvenirs et les significations. Cette approche s’inscrit dans une tradition phénoménologique qui considère le corps comme le foyer de la subjectivité incarnée.
- Le corps sensible est capable de percevoir, d’éprouver et de refléter une intelligibilité propre, souvent inaccessible par la seule pensée réflexive.
- Il est porteur d’une mémoire implicite, où les expériences passées — traumatismes, joies, tensions — s’inscrivent dans les tissus, les postures et les rythmes internes.
- Le ressenti corporel devient un vecteur de connaissance : ce que j’éprouve dans mon corps peut transformer ma compréhension de moi-même et du monde.
- Le corps est aussi un lieu de sensibilité sociale, façonné par les normes, les interactions et les affects collectifs.
Cette conception ouvre la voie à une pédagogie perceptive où l’on apprend par et avec le corps, en cultivant une présence incarnée, une conscience de soi et une capacité à transformer ses représentations à partir du vécu corporel.
La gymnastique sensorielle : une pratique du mouvement vivant
La gymnastique sensorielle est une pratique corporelle douce et profonde, issue de la fasciathérapie méthode Danis Bois. Elle vise à mobiliser le mouvement interne des fascias — cette animation subtile et autonome du tissu conjonctif — pour enrichir la conscience corporelle et favoriser le mieux-être6.
- Elle repose sur des enchaînements gestuels codifiés, réalisés lentement et avec attention, pour solliciter les fascias dans leur fonction sensorielle.
- Le mouvement est vécu comme porté de l’intérieur, guidé par une animation interne plutôt que par la seule volonté musculaire.
- Elle développe la présence à soi, la mobilisation attentionnelle, et une qualité de geste qui devient fluide, unifiante et vivifiante7.
- Elle est utilisée à des fins thérapeutiques, préventives et éducatives : soulagement des douleurs, gestion du stress, développement de la cognition corporelle, accompagnement du changement7.
La gymnastique sensorielle est aussi une voie d’accès au corps sensible : elle permet de percevoir les nuances internes, les états émotionnels et les significations incarnées, en favorisant une transformation du rapport à soi et au monde.
L’apport de Danis Bois
Danis Bois est une figure pionnière dans le domaine des thérapies manuelles et de la pédagogie perceptive. Kinésithérapeute et ostéopathe de formation, il est surtout connu pour avoir fondé la fasciathérapie méthode Danis Bois (MDB) dans les années 1980, une approche novatrice centrée sur le corps sensible, le mouvement interne et la relation thérapeutique.
Parcours et formation
- Né en 1949, il débute comme kinésithérapeute avant de se tourner vers l’ostéopathie.
- Il s’intéresse très tôt au fascia, ce tissu conjonctif longtemps négligé, qu’il considère comme un médiateur privilégié du soin.
- Titulaire de plusieurs doctorats en sciences de l’éducation et en sciences sociales, il devient professeur agrégé à l’Université Fernando Pessoa (Porto, Portugal).
- Il fonde en 2002 le CERAP (Centre d’Étude et de Recherche Appliquée en Psychopédagogie perceptive), qui structure la recherche autour du corps sensible, de l’expérience vécue et de la transformation personnelle.
Contributions majeures
- Fasciathérapie MDB : méthode douce et non manipulatrice qui mobilise le mouvement interne des fascias pour relancer les capacités d’autorégulation du corps.
- Somato-psychopédagogie : prolongement éducatif de la fasciathérapie, qui explore les liens entre corps, cognition et émotion.
- Gymnastique sensorielle : pratique corporelle codifiée visant à enrichir la perception et la présence à soi.
- Méditation pleine présence : outil introspectif développé pour favoriser l’écoute du corps et la transformation du rapport à soi.
Philosophie du soin
Danis Bois défend une vision humaniste et existentielle du soin, où le thérapeute ne cherche pas seulement à soulager un symptôme, mais à accompagner la personne dans son cheminement intérieur. Le toucher manuel devient un geste de relation, porteur de sens, de bienveillance et de transformation.



