La place centrale des croyances
Les croyances occupent une position fondamentale en développement personnel car elles agissent comme des filtres invisibles qui façonnent notre perception de la réalité et nos comportements. Elles constituent le socle sur lequel repose notre identité et nos capacités d’action.
Pourquoi recadrer les croyances ?
1. Elles déterminent nos limites perçues
Les croyances limitantes (« je ne suis pas capable », « je ne mérite pas le succès ») créent des barrières psychologiques qui empêchent l’action et la progression. Recadrer ces croyances permet de révéler des possibilités jusque-là invisibles.
2. Elles génèrent des prophéties auto-réalisatrices
Ce que nous croyons profondément tend à se manifester dans notre réalité, non par magie, mais parce que nos croyances influencent nos décisions, notre langage corporel, notre persévérance. Si vous croyez que vous échouerez, vous abandonnerez plus facilement.
3. Elles sont souvent héritées et non choisies
Beaucoup de nos croyances proviennent de l’enfance, de notre éducation, de notre environnement social. Elles ne sont pas nécessairement adaptées à qui nous voulons devenir. Le recadrage permet de faire un tri conscient.
4. Elles affectent l’estime de soi et la confiance
Les croyances sur soi-même (« je suis nul en maths », « je ne suis pas quelqu’un de créatif ») construisent ou détruisent l’image que nous avons de nous-mêmes et notre capacité à nous projeter positivement.
Le processus de recadrage
Recadrer une croyance ne signifie pas se mentir ou adopter une pensée positive naïve. Il s’agit de :
- Identifier les croyances actives (souvent inconscientes)
- Questionner leur validité et leur origine
- Examiner les preuves contradictoires
- Reformuler de manière plus nuancée et aidante
- Ancrer la nouvelle perspective par l’expérience
Place dans le développement personnel
Le travail sur les croyances est considéré comme un prérequis à tout changement durable. On ne peut pas :
- Développer de nouvelles compétences si on croit qu’on en est incapable
- Améliorer ses relations si on croit qu’on ne mérite pas l’amour
- Réussir professionnellement si on croit que le succès nous est interdit
C’est pourquoi ce sujet traverse toutes les approches du développement personnel : PNL, thérapies cognitives, coaching, psychologie positive, etc. Le recadrage des croyances est l’outil qui libère le potentiel de transformation.
Recadrer les croyances : Guide pratique
Recadrer (ou « recadrage cognitif ») consiste à modifier la manière dont vous interprétez une situation, une pensée ou une croyance pour adopter une perspective plus utile et équilibrée.
Les étapes du recadrage
1. Identifier la croyance limitante Prenez conscience de la pensée automatique qui vous freine. Par exemple : « Je ne suis pas assez compétent » ou « Je rate toujours tout ».
2. Examiner les preuves Questionnez objectivement cette croyance :
- Quelles preuves concrètes soutiennent cette pensée ?
- Quelles preuves la contredisent ?
- Est-ce un fait absolu ou une interprétation ?
3. Rechercher les distorsions cognitives Identifiez les biais de pensée comme la généralisation excessive (« toujours », « jamais »), la pensée tout-ou-rien, ou le catastrophisme.
4. Proposer une alternative réaliste Reformulez la croyance de façon plus nuancée et constructive. Au lieu de « Je ne suis pas assez compétent », essayez « J’ai des compétences dans certains domaines et je peux progresser dans d’autres ».
5. Tester la nouvelle perspective Agissez selon cette nouvelle croyance et observez les résultats. Cela renforce progressivement le nouveau schéma de pensée.
Techniques complémentaires
- Le questionnement socratique : « Et si c’était vrai, qu’est-ce que cela signifierait vraiment ? »
- La distance émotionnelle : « Que dirais-je à un ami dans cette situation ? »
- Le recadrage contextuel : Chercher les aspects positifs ou les apprentissages dans une expérience difficile
Le recadrage demande de la pratique mais devient plus naturel avec le temps. C’est un outil puissant utilisé en thérapie cognitive-comportementale (TCC) pour améliorer le bien-être mental.
Exemple 1 : « Je ne suis pas créatif »
Croyance limitante initiale
« Je ne suis pas créatif » → Identité figée, catégorisation binaire
Technique de recadrage
- Questionnement socratique : « Qu’est-ce que la créativité pour toi ? N’as-tu jamais trouvé de solution originale à un problème ? »
- Recherche de contre-exemples : « Et quand tu as réorganisé ton appartement/cuisiné sans recette/trouvé cette idée au travail ? »
- Reformulation nuancée : « Je n’ai pas encore développé ma créativité dans certains domaines » ou « Ma créativité s’exprime différemment de ce que j’imaginais »
Élargissement du cadre de référence
Avant : La personne se voyait dans une case « non-créatif », ce qui fermait toute exploration artistique, innovation professionnelle, ou résolution créative de problèmes.
Après : Elle reconnaît que :
- La créativité est un spectre, pas une dichotomie
- Elle existe sous de multiples formes (artistique, pratique, analytique, relationnelle)
- C’est une compétence développable, pas un trait inné
- Elle a déjà manifesté de la créativité sans la nommer ainsi
Liberté acquise : Elle peut maintenant expérimenter, apprendre, essayer de nouvelles approches sans porter l’étiquette paralysante de « personne non-créative ».
Exemple 2 : « L’argent corrompt les gens »
Croyance limitante initiale
« L’argent corrompt » → Association argent = immoralité
Technique de recadrage
- Examen des nuances : « L’argent corrompt-il ou révèle-t-il ce qui était déjà présent ? »
- Contre-exemples : « Connais-tu des personnes fortunées et généreuses ? Des projets humanitaires financés par des entrepreneurs ? »
- Distinction outil/usage : « L’argent est-il mauvais en soi ou dépend-il de l’usage qu’on en fait ? »
- Reformulation : « L’argent est un amplificateur : il peut servir mes valeurs ou les trahir, selon mes choix »
Élargissement du cadre de référence
Avant : Conflit interne entre désir de réussite financière et valeurs morales. Sabotage inconscient des opportunités professionnelles. Culpabilité liée à l’ambition.
Après : Compréhension que :
- L’argent est un outil neutre
- On peut être riche ET intègre
- La prospérité financière peut servir des causes nobles
- Refuser l’argent n’est pas en soi une vertu
Liberté acquise : La personne peut maintenant poursuivre la réussite financière sans trahir son identité morale. Elle peut négocier son salaire, développer un projet entrepreneurial, investir, sans dissonance cognitive.
Exemple 3 : « Je dois être parfait pour être aimé »
Croyance limitante initiale
« Si je montre mes failles, on me rejettera » → Perfectionnisme défensif
Technique de recadrage
- Test de réalité : « Les personnes que tu aimes sont-elles parfaites ? Les aimes-tu moins pour leurs imperfections ? »
- Exploration de l’origine : « D’où vient cette croyance ? Qui t’a fait croire cela ? »
- Inversion : « Et si la vulnérabilité créait plus d’intimité que la perfection ? »
- Reformulation : « Je suis aimable dans mon entièreté, imperfections comprises » ou « L’authenticité crée des liens plus profonds que la perfection »
Élargissement du cadre de référence
Avant :
- Épuisement constant à maintenir une façade
- Relations superficielles (on n’aime que le masque)
- Anxiété permanente d’être « démasqué »
- Impossibilité de demander de l’aide
Après : Conscience que :
- La vulnérabilité est une force, pas une faiblesse
- Les relations authentiques se construisent sur la vérité
- L’imperfection est universellement humaine
- Se montrer tel qu’on est filtre les relations toxiques
Liberté acquise : La personne peut arrêter de jouer un rôle épuisant, partager ses difficultés, demander du soutien, établir des relations profondes et authentiques. Elle passe de la performance à l’existence.
Exemple 4 : « Si j’échoue, je suis un échec »
Croyance limitante initiale
Fusion identité/résultat → « Échec = qui je suis »
Technique de recadrage
- Séparation identité/comportement : « Un échec est un événement, pas une identité »
- Réinterprétation de l’échec : « Qu’as-tu appris ? En quoi cet échec t’a-t-il fait progresser ? »
- Contextualisation : « Einstein, Jobs, Edison ont échoué des centaines de fois. Étaient-ils des échecs ? »
- Reformulation : « Je suis quelqu’un qui ose essayer et qui apprend de ses expériences »
Élargissement du cadre de référence
Avant :
- Évitement des défis par peur de l’échec
- Procrastination chronique
- Zone de confort rigide
- Rumination et honte après toute erreur
Après : Compréhension que :
- L’échec est un feedback, pas un verdict
- La croissance nécessite l’expérimentation
- Les revers sont temporaires et informatifs
- La résilience se construit par l’adversité
Liberté acquise : La personne peut maintenant prendre des risques calculés, sortir de sa zone de confort, entreprendre, innover, sans que son estime d’elle-même soit menacée par les inévitables obstacles.
Exemple 5 : « Je n’ai pas le droit de réussir plus que mes parents »
Croyance limitante initiale
Loyauté familiale invisible → Plafond de verre auto-imposé
Technique de recadrage
- Mise en lumière de l’inconscient : « Quel message enverrais-tu à tes parents en réussissant ? »
- Dialogue imaginaire : « Que diraient tes parents aimants idéaux de ta réussite ? »
- Redéfinition de la loyauté : « Honorer ses parents, est-ce limiter sa vie ou réaliser son potentiel ? »
- Reformulation : « Ma réussite honore les sacrifices de mes parents » ou « Je peux les aimer ET vivre ma propre vie pleinement »
Élargissement du cadre de référence
Avant :
- Sabotage inconscient à l’approche du succès
- Culpabilité lors des réussites
- Difficulté à célébrer ses victoires
- Plateau professionnel inexpliqué
Après : Prise de conscience que :
- Réussir n’est pas trahir
- Les parents aimants veulent le bonheur de leurs enfants
- On peut honorer son histoire ET s’en émanciper
- Sa réussite peut inspirer toute la famille
Liberté acquise : La personne peut enfin accéder à son plein potentiel sans se sentir déloyale. Elle peut dépasser le niveau socio-économique familial, choisir un autre métier, vivre différemment, en paix avec ses origines.
La mécanique du recadrage : comment ça fonctionne
Les leviers techniques
- Questionnement des généralisations
- « Toujours/jamais » → « Parfois/dans certains contextes »
- « Tout le monde/personne » → « Certaines personnes »
- Recherche des exceptions
- « Y a-t-il eu une fois où…? »
- Prouve que la règle absolue est fausse
- Changement de perspective
- Temporelle : « Dans 10 ans, comment verras-tu cela ? »
- Spatiale : « Qu’en dirait un observateur neutre ? »
- Relationnelle : « Que dirais-tu à un ami dans cette situation ? »
- Distinction carte/territoire
- « Ce que je crois » ≠ « Ce qui est »
- Mes interprétations ≠ La réalité objective
L’élargissement systématique du cadre
Un recadrage réussi transforme :
- Le fixe en évolutif : « Je suis X » → « Je fonctionne actuellement de manière X »
- L’absolu en contextuel : « C’est impossible » → « C’est difficile dans ces conditions »
- Le jugement en description : « Je suis nul » → « Je n’ai pas encore acquis cette compétence »
- La cause unique en multicausalité : « C’est à cause de moi » → « Plusieurs facteurs ont contribué »
Pourquoi cela libère ?
La liberté vient de la multiplication des options perçues :
- Avant : Un seul chemin visible (ou aucun)
- Après : Multiples possibilités d’action
La personne passe d’un univers déterministe contraignant à un espace de choix et d’agentivité. Elle devient auteure de sa vie plutôt que victime de ses croyances.
Le recadrage n’est pas de l’autosuggestion positive naïve, c’est une réévaluation rationnelle qui révèle des vérités plus nuancées et plus proches de la réalité complexe. C’est sortir d’une carte mentale appauvrie pour accéder à un territoire plus riche de potentialités.
Le recadrage des croyances est central en coaching individuel
Le coaching individuel vise à accompagner une personne vers l’atteinte d’objectifs et le déploiement de son potentiel. Or, les croyances sont précisément ce qui active ou bloque ce potentiel. C’est le nœud gordien du changement.
1. Les croyances déterminent la définition même des objectifs
Le filtre invisible
Avant même de parler de méthode ou de plan d’action, les croyances délimitent ce qu’une personne s’autorise à vouloir.
Exemples concrets en coaching :
- Un client dit vouloir « un meilleur équilibre vie pro/perso » mais croit inconsciemment que « le succès exige le sacrifice de sa vie personnelle » → Son objectif est déjà auto-saboté
- Une personne veut « créer son entreprise » mais croit que « l’entrepreneuriat est pour les autres, pas pour moi » → Elle trouvera mille raisons de ne jamais passer à l’action
- Quelqu’un souhaite « améliorer ses relations » mais croit que « je ne suis pas quelqu’un d’intéressant » → Il n’osera jamais aller vers les autres
L’intervention du coach
Le coach doit d’abord déceler ces croyances sous-jacentes qui rendent l’objectif inaccessible avant même de commencer. Sans ce travail, le coaching tourne en rond : le client dit vouloir X mais ses croyances le maintiennent en non-X.
Question typique du coach : « Qu’est-ce qui te fait croire que cet objectif est/n’est pas pour toi ? »
2. Les croyances sont le principal obstacle à l’action
Le gap entre intention et action
C’est la problématique #1 du coaching : la personne sait ce qu’elle devrait faire, mais ne le fait pas.
La vraie question n’est pas « quoi faire » mais « qu’est-ce qui m’empêche de le faire » → Et la réponse est presque toujours dans les croyances.
Exemples de blocages par croyance
voici un tableau qui résume bien le résultat des croyances restrictives :

Le travail du coach
Le coach ne peut pas « faire agir » le client de force. Son rôle est de lever les freins invisibles qui empêchent l’action naturelle. Sans recadrer ces croyances, toute technique d’organisation, de gestion du temps ou de stratégie sera inefficace.
Intervention typique : « Imaginons que tu demandes cette promotion et que ton manager refuse. Qu’est-ce que cela dirait de toi ? De lui ? Quelle serait la pire conséquence ? »
3. Les croyances structurent l’identité professionnelle
Le « Je suis » vs « Je fais »
Beaucoup de blocages en coaching viennent d’une confusion entre identité et comportement :
- « Je suis timide » (identité figée) vs « Je me comporte de manière réservée dans certains contextes » (comportement modulable)
- « Je suis quelqu’un de désorganisé » vs « Je n’ai pas encore trouvé un système d’organisation qui me convient »
- « Je ne suis pas un leader » vs « Je n’ai pas encore développé mes compétences de leadership »
Impact sur le coaching
Quand une croyance est fusionnée avec l’identité, tout changement est perçu comme une menace existentielle.
Exemple : Un manager évite de déléguer. Le coach explore et découvre : « Si je délègue, je ne suis plus indispensable. Si je ne suis plus indispensable, qui suis-je ? »
La croyance sous-jacente : « Ma valeur = mon indispensabilité »
Recadrage du coach : « Un bon manager crée-t-il la dépendance ou l’autonomie de son équipe ? Ta valeur réside-t-elle dans le fait de tout faire ou dans ta capacité à développer les autres ? »
Ce recadrage libère une nouvelle identité : « Je suis quelqu’un qui développe le potentiel des autres » → La délégation devient cohérente avec cette nouvelle identité.
4. Les croyances génèrent les patterns répétitifs
Le syndrome du « j’ai déjà essayé »
Souvent, les clients arrivent en coaching après plusieurs tentatives infructueuses. Ils répètent les mêmes échecs, les mêmes sabotages.
Ce n’est pas un manque de volonté, c’est un système de croyances qui recréé les mêmes conditions.
Exemples de boucles de croyances
Cas 1 : Le perfectionniste paralysé
- Croyance : « Si ce n’est pas parfait, je serai jugé/rejeté »
- Comportement : Procrastination, sur-préparation
- Résultat : Retard, stress, qualité finale médiocre (par manque de temps)
- Confirmation : « Tu vois, je ne suis pas capable »
- La croyance se renforce ↻
Cas 2 : L’évitement relationnel
- Croyance : « Les gens me rejetteront si je me montre vraiment »
- Comportement : Distance, façade professionnelle froide
- Résultat : Relations superficielles, impression de froideur
- Confirmation : « Personne ne s’intéresse vraiment à moi »
- La croyance se renforce ↻
Le rôle du coach
Le coach repère ces prophéties auto-réalisatrices et aide le client à voir comment sa croyance crée la réalité qu’il redoute.
Question puissante : « Comment ta peur que X arrive contribue-t-elle à faire arriver X ? »
En recadrant la croyance, on brise le cycle. La personne peut expérimenter un nouveau comportement qui génère un résultat différent, lequel vient invalider l’ancienne croyance.
5. Le coaching ne peut pas imposer, il doit révéler
La posture spécifique du coaching
Contrairement au conseil ou à la thérapie :
- Le coach ne donne pas de solutions toutes faites
- Il n’analyse pas le passé pendant des mois
- Il ne dit pas « tu devrais faire ceci »
Le coach facilite la prise de conscience et l’auto-découverte.
Pourquoi le recadrage est parfait pour cette posture
Le recadrage n’impose rien. Il utilise :
- Le questionnement socratique : amener le client à questionner lui-même ses croyances
- La confrontation douce : pointer les contradictions entre croyances et réalité observée
- L’expérimentation : proposer de tester une nouvelle croyance comme hypothèse
Exemple de dialogue coach-client :
Client : « Je ne peux pas demander de l’aide, je dois me débrouiller seul. »
Coach : « D’où vient cette croyance pour toi ? » (origine)
Client : « Mon père disait toujours qu’un homme ne demande pas d’aide. »
Coach : « Et toi, qu’en penses-tu aujourd’hui ? Est-ce que c’est ta valeur ou celle de ton père ? » (distinction)
Client : « Hmm… c’est vrai que les gens que j’admire collaborent beaucoup… »
Coach : « Qu’est-ce qui se passerait si tu expérimentais de demander de l’aide sur un petit sujet cette semaine, juste pour voir ? » (test)
Le client recadre lui-même sa croyance. Le coach a juste créé l’espace de cette prise de conscience.
6. Les croyances affectent la relation coach-client
Le transfert de croyances dans la relation
Les croyances du client s’expriment dans la relation de coaching elle-même :
- Client qui croit « je ne suis pas intéressant » → Parle peu, minimise ses réussites, s’excuse constamment
- Client qui croit « personne ne me comprend » → Résistance, méfiance, « oui mais… »
- Client qui croit « je dois être parfait » → Difficulté à avouer ses difficultés, présente une façade
L’opportunité pour le coach
Ces manifestations sont précieuses car elles permettent au coach de travailler en direct :
Coach : « Je remarque que tu t’excuses beaucoup pendant nos sessions. Qu’est-ce que tu t’excuses de faire ? »
Client : « De prendre votre temps, de ne pas progresser assez vite… »
Coach : « Intéressant. Cette croyance que tu ‘prends mon temps’ comme si c’était un vol, elle apparaît où ailleurs dans ta vie ? »
Client : « Oh… partout. Avec mon conjoint, mes collègues… »
Coach : « Et si ton temps, ton existence, tes besoins étaient légitimes ? Qu’est-ce qui changerait ? »
→ Le recadrage se fait en direct, dans l’expérience vécue de la relation, ce qui le rend beaucoup plus puissant.
7. Le recadrage crée l’espace du possible
Le coaching est orienté solution et futur
Le coaching ne vise pas principalement à comprendre le passé mais à créer un futur désiré. Or, les croyances limitantes ferment l’accès au futur.
La technique des possibles :
Sans recadrage :
- « Que veux-tu accomplir ? »
- « Je ne sais pas… » / « Ce n’est pas réaliste… » / « Je n’y arriverai pas… »
Avec recadrage préalable :
- « Si tout était possible, que choisirais-tu ? »
- « Qu’est-ce qui te fait croire que ce n’est pas possible ? »
- (Recadrage de la croyance limitante)
- « Et maintenant, si tu avais les ressources/compétences, que ferais-tu ? »
Le recadrage ouvre l’imaginaire du client. Il peut alors envisager des options qui étaient hors de son champ de conscience.
Exemples de transformation du possible

8. Le recadrage permet la responsabilisation (empowerment)
De victime à acteur
Beaucoup de clients arrivent en coaching avec une posture de victime (pas au sens péjoratif, mais au sens systémique) :
- « Mon manager ne me laisse pas… »
- « L’entreprise ne permet pas… »
- « Les circonstances font que… »
Ces formulations révèlent une croyance profonde : « Je n’ai pas de pouvoir sur ma situation »
Le recadrage de l’impuissance
Coach : « Tu dis que ton manager ne te laisse pas. Qu’as-tu essayé exactement ? »
Client : « Rien de direct, mais il ne me propose jamais… »
Coach : « Donc la croyance, c’est que tu dois attendre qu’on te propose ? D’où vient cette règle ? »
Client : « Je n’y avais jamais pensé comme ça… »
Coach : « Qu’est-ce qui se passerait si tu considérais que c’est à toi de demander ce que tu veux ? »
Le recadrage fait passer de :
- Externe → Interne : « Les autres décident » → « J’ai un pouvoir d’action »
- Passif → Actif : « Je subis » → « Je choisis, même dans la contrainte »
- Fixe → Évolutif : « C’est comme ça » → « Je peux influencer la situation »
C’est le cœur du coaching : redonner au client son agentivité, sa capacité à être agent de sa propre vie.
9. Les croyances expliquent la résistance au changement
« Je sais ce que je dois faire, mais je ne le fais pas »
C’est la phrase la plus fréquente en coaching. Le client a la connaissance intellectuelle mais pas le passage à l’action.
Pourquoi ? Parce qu’une croyance inconsciente protège le statu quo.
Les bénéfices secondaires
Derrière toute résistance, il y a une croyance qui associe le changement à un danger :
Cas concret : Client qui veut perdre du poids mais ne suit aucun programme.
Exploration du coach :
- « Qu’est-ce qui se passerait si tu atteignais ton objectif ? »
- « Je serais plus séduisant… »
- « Et alors ? »
- « Les gens me remarqueraient plus… Je devrais gérer l’attention… »
- « Est-ce que ça te fait peur ? »
- « Oui. Je me sens plus en sécurité invisible. »
Croyance découverte : « Être visible = danger »
Sans recadrer cette croyance, aucune technique de perte de poids ne fonctionnera car le système cherche à se protéger.
Recadrage possible :
- « Visibilité = danger » → « Je peux être visible ET poser mes limites »
- « Être en sécurité = être invisible » → « Je peux être en sécurité en affirmant qui je suis »
10. Le recadrage construit la résilience et l’adaptabilité
Au-delà de l’objectif ponctuel
Un bon coaching ne vise pas seulement à atteindre UN objectif, mais à développer la capacité à atteindre des objectifs.
Recadrer les croyances, c’est apprendre à apprendre, c’est développer une méta-compétence :
- Identifier ses propres filtres mentaux
- Questionner ses interprétations
- Choisir consciemment ses croyances
- Rester flexible face à l’adversité
La résilience par le recadrage
Les personnes résilientes ne sont pas celles qui ne tombent jamais, mais celles qui interprètent différemment l’échec :
Croyance fragile : « Cet échec prouve que je suis nul » → Abandon
Croyance résiliente : « Cet échec m’apprend ce qui ne fonctionne pas » → Ajustement
Le coach qui travaille les croyances équipe le client pour toute sa vie, pas juste pour la session en cours.
11. Le recadrage est mesurable dans les résultats
Impact concret sur la performance
Des études en psychologie du coaching montrent que le travail sur les croyances (notamment via la PNL, les TCC) produit des résultats mesurables :
- Augmentation de la prise de décision : Les clients passent à l’action plus rapidement
- Réduction de l’anxiété de performance : Moins de procrastination, moins de stress
- Amélioration de la satisfaction professionnelle : Alignement entre valeurs et actions
- Atteinte plus fréquente des objectifs : Taux de succès nettement supérieur
Exemples de transformation concrète
Avant coaching / recadrage :
- Cadre qui postule 0 fois en 2 ans (croyance : « je n’ai pas le niveau »)
- Entrepreneur qui ne prospectе jamais (croyance : « vendre, c’est manipuler »)
- Manager qui microgère tout (croyance : « si je lâche le contrôle, tout s’effondre »)
Après coaching / recadrage :
- 15 candidatures, 3 entretiens, 1 nouvelle position (+30% de salaire)
- Pipeline de prospection actif, premiers clients signés
- Équipe autonome, temps libéré pour la stratégie, meilleur climat
Ces résultats ne viennent pas de « techniques » mais du recadrage qui a permis l’action.
12. Le coach doit lui-même maîtriser ses propres croyances
La congruence du coach
Un coach ne peut pas accompagner quelqu’un au-delà de là où il est lui-même allé dans son propre travail de croyances.
Exemples de croyances limitantes du coach :
- « Les clients résistent toujours au changement » → Créera de la résistance
- « Je ne suis pas assez expérimenté » → Manque d’assurance, relation déséquilibrée
- « Le client doit absolument réussir pour que je sois un bon coach » → Pression, projection
La supervision et le travail personnel
C’est pourquoi la formation au coaching insiste sur :
- La supervision régulière
- Le travail thérapeutique ou de coaching personnel
- L’identification de ses propres filtres
Le coach est son propre outil. Plus il a recadré ses propres croyances limitantes, plus il peut accompagner ses clients avec finesse.
Conclusion : Le recadrage, ADN du coaching individuel
Le recadrage des croyances n’est pas une technique parmi d’autres en coaching, c’est la colonne vertébrale de toute l’intervention.
Synthèse : Pourquoi c’est central
- Diagnostic : Les croyances révèlent les vrais blocages derrière les symptômes apparents
- Stratégie : Elles déterminent quels objectifs sont accessibles mentalement
- Action : Elles libèrent ou bloquent le passage à l’action
- Durabilité : Elles garantissent que les changements s’ancrent dans le temps
- Autonomie : Elles donnent au client la capacité de se coacher lui-même après
Le coaching sans recadrage de croyances
C’est comme vouloir construire une maison sur des fondations fissurées. On peut :
- Donner des outils → Inutilisés si la croyance dit « ça ne marchera pas pour moi »
- Fixer des objectifs → Sabotés si la croyance dit « je ne le mérite pas »
- Établir un plan → Abandonné si la croyance dit « je ne suis pas capable »
Le coaching avec recadrage de croyances
C’est créer un nouveau terrain de jeu mental où :
- Le possible s’élargit
- L’action devient naturelle
- La cohérence interne se rétablit
- L’autonomie se développe
- La transformation est durable
Le recadrage des croyances, c’est donner au client la clé de sa propre prison mentale. Et c’est exactement pour cela que c’est l’essence même du coaching individuel.



